En 1970 quand tu entrais dans cette usine tu étais embauché alors que maintenant on te propose d’être intérimaire. L’autre changement radical c’est que les patrons n’ont plus peur, ils sont sûrs de leur force à présent. Ils ont mis du temps à se remettre de 1945 mais depuis 20 ans, ils ont trouvé la parade, nous séparer, nous dissocier, nous fragiliser, nous déposséder de la conscience que nous avions d’appartenir à une classe importante qui avait son mot à dire, capable de peser sur l‘évolution du monde, conscience qu’ils ont progressivement remplacée par la honte d’être ouvrier… Le résultat est que plus personne ne parle de nous : qui sait que nous sommes encore plus de 7 millions en France, même si beaucoup sont au chômage. Aujourd’hui pour la plupart des gens, un ouvrier plus un ouvrier plus un ouvrier cela ne fait plus une masse, cela ne fait même pas un nombre, mais un éparpillement d’atomes.
Un ancien membre des groupes Medvekine de Besançon, enregistré par Patrick Leboutte