Emmanuel Parraud - La steppe

J’aimais dormir sur la charrette chargée de foin et j’aimais, quand la charrette s’arrêtait dans la cour, devant notre chaumine, que l’on m’emportât, tout ensommeillé, dans la maison. J’aimais le grincement des roues sous le char pesant du temps de la moisson. J’aimais le gazouillis des oiseaux dans le jardin et dans les champs, j’aimais le clapotis des eaux printanières et le tendre coassement en mineur des crapauds dans le marais, au printemps, quand les eaux descendent. J’aimais quand les pommes tombaient le soir dans le verger, dans la pénombre — de façon inattendue, comme en cachette, elles tombaient sur la terre, dans l’herbe. Il y avait un mystère, quelque chose d’éternellement inéluctable dans cette chute du fruit… Dovjenko

FILMS

Il y a des films que, sans le savoir, l’on attendait. Curieusement, ceux dont je veux parler marquent une même complicité entre un réalisateur et son opérateur, un même penchant pour la lumière de la nature, un même plaisir à tourner le dos aux effets photographiques. Ces derniers sont très prisés aujourd’hui dans le court métrage, genre qui, par nature, a des complexes et qui, de plus en plus, aime copier le long. La Steppe d'Emmanuel Parraud, découvert au Festival de Grenoble, nous montre des alpages et rien que des alpages, ou presque. Avec le doux tremblé du vent et la grave pesanteur des bêtes. Toute l’intelligence du film est dans la fixité des cadres qui fait de la vision de l’auteur une invitation humble et rigoureuse à regarder le monde. L’intelligence est aussi dans le tempo de chaque plan, suffisamment long, pour s’y plonger tout à fait, suffisamment court pour créer une attente et un rythme. L’intelligence est enfin dans le piqué soigneux de l’image de Denis Gheerbrant qui fait un « point » juste parce qu’il relate un « point de vue » juste. Mais il n’y a pas que l’intelligence, il y a la vérité aussi. On connaissait une symphonie pastorale, voici un simple menuet. Pas du tout pompier celui-là. Or, soudain, quel oxygène !… Tout ceux qui, comme moi, aiment à la fois le cinéma et le cul des vaches seront comblés. Les autres pourront toujours respirer…

… C’est pourquoi La Steppe acquiert d’emblée la beauté d’un classique et qu’entre ce film court et nombre de ses semblables en métrage, c’est réellement le jour et la nuit.

Jean-Jacques BERNARD

Bref n° 0 / Avril 1989

Frédéric Strauss

Jean-Claude Guiguet - 1992

Philippe Roger - 1991

Eric Favre

Le Progrès de Lyon - 28 mai 1988

la steppe
Court-métrage de fiction tourné au cours de l’été 1987 en décors naturels sur la commune d'Aillon-le-Jeune dans le massif des Bauges en Savoie.

Scénario et réalisation Emmanuel Parraud
Production Cargo
Image Denis Gheerbrant
Son Thierry Jeandroz
Montage Gérard Jumel
Mixage Gérard Lamps

Interprétation
Anne-lise Calvez, Didier Louwagie,
Lili Gallice Petit Barrat

couleur
11mn
35MM
format 1,33
visa 67456
diffusion LA SEPT-ARTE, CANAL +

Prix Canal+ au festival de Grenoble 1988
Mention spéciale Aix-en-Provence 1989
Prime à la qualité CNC 1989
Festival Premier Film SRF 1990
Lauréat Panorama du court-métrage Escurial - novembre 1990
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Une petite fille solitaire, dans la campagne un après-midi d’été. Etrangère au monde qui l'entoure, elle assiste, impuissante, au spectacle des événements qui s’y déroulent.

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